Après avoir rencontré Delphine Diederich, kinésithérapeute dans notre maison de Luxembourg-Kirchberg et Dylan Vignali, chef d’étage dans celle d’Esch-sur-Alzette, partons à la rencontre de Déborah Morales, éducatrice auprès de nos résidents de la capitale.
« Quel est votre parcours ? »
J’ai étudié à l’IRTS (Institut Régional du Travail Social) de Metz. Je fus ensuite éducatrice spécialisée (éducatrice graduée) avec une expérience de 12 ans dans la protection de l’enfance en danger en France.
En 2023, j’ai eu ce besoin de faire un grand virage dans ma carrière.
J’ai ainsi proposé mes compétences de l’autre côté de la frontière et je suis arrivée à Elysis en janvier 2024.
« Quel est votre rôle en tant qu’éducatrice à Elysis ? »
Il est déjà de donner un rythme journalier aux résidents. C’est aussi de leur permettre de maintenir leur acquis, voire de développer de nouvelles connaissances.
Au travers des projets éducatifs, les résidents trouvent une part d’épanouissement tout en fournissant un travail cognitif et/ou moteur. Je tente également d’innover et de rester à la page de l’actualité afin de mettre en œuvre un travail autour du lien social.
« Comment arrive-t-on en tant qu’éducatrice à apporter sa propre personnalité dans les activités ? »
Nous avons tous une personnalité propre mais il est essentiel de s’adapter au public pris en charge.
J’ai une personnalité enjouée, dynamique, ce qui m’oblige parfois de devoir canaliser mon énergie afin de ne pas surinvestir le quotidien des personnes.
« Pourriez-vous nous décrire une journée-type ? »
Elle commence par l’accueil social au petit-déjeuner puis une activité cognitive à 11h00. Il y a ensuite les transmissions en équipe pluridisciplinaire. Nous avons une activité créative à 14h30 puis il y les repérages des besoins éducatifs et mise à jour de l’administratif.
« Quelles sont les valeurs que vous aimez défendre à Elysis ? »
Je considère que l’intérêt du résident doit rester au centre du dispositif.
Une activité doit être réfléchie en fonction des besoins et doit répondre à une problématique. Toutes les actions éducatives mises en œuvre ont ainsi un sens pour les résidents.
Le travail éducatif et social est primordial pour nos résidents car ils apportent une orientation, une satisfaction personnelle et de fait, une amélioration de l’état général de la personne. C’est donc aussi important pour leurs proches et familles.
« Quels conseils pourriez-vous donner à des jeunes voulant faire le même métier ? »
Nous accueillons régulièrement des stagiaires et il est vrai que ce métier demande d’avoir la fibre sociale et une analyse fine des situations. Ce temps de réflexion est long car je pense qu’il nous oblige à acquérir une certaine maturité professionnelle et personnelle.
Pour certaines personnes avec une personnalité ouverte, cela pourrait être plus facile que pour d’autre. L’essentiel est de ne pas se faire violence et de ne pas avoir peur de changer de voie.
Notre carrière n’est pas figée et nos besoins ou nos envies changent tout au long de notre carrière.
« Quel est votre regard sur le secteur des aides et soins au Luxembourg ? »
Je ne peux de fait que le comparer avec la France et le niveau de prise en charge est nettement meilleur au Luxembourg. En matière de moyens, je pense que l’écart se creuse donc automatiquement et le ressenti est positif au passage de la frontière.
Notre patientièle est plus exigeante aussi et nous devons y répondre par la qualité de notre travail.
L’exigence n’enlevant pas le respect, je mets un point d’honneur à maintenir une cohésion dans le partage transfrontalier.
J’apprends le luxembourgeois depuis mon arrivée à Elysis et je suis actuellement en A2.
« L’intergénérationnel, les sorties…, comment arrivez-vous à surprendre nos résidents tout en les faisant adhérer à ces activités ? »
Je prépare le planning en collaboration avec les résidents du 1er étage. Leur participation au choix est essentiel pour une véritable adhésion.
Nous avons une réunion des résidents à l’étage chaque vendredi (tour de table, idées, actualité, proposition d’activités…). Nous avons aussi nos petites habitudes avec le Bingo le vendredi matin ou le jeu de mots le lundi. Les rituels sont aussi importants.
« Un exemple d’un projet ou d’une idée originale que vous avez en tête ? »
Les résidents du 01er étage ont participé pour la première fois à la Nuit de la Culture.
Organisée par la ville d’Esch-sur-Alzette, cette manifestation a suscité un intérêt pour les personnes qui ont pu mettre en avant leurs histoires de vie. L’œuvre finale a été remise à notre établissement par l’artiste Peggy Dihee (et sur laquelle nous reviendrons prochainement).
« Pour finir, pouvez-vous raconter une anecdote marquante ou drôle ? »
Petite conversation avec une personne âgée :
Elle : « Je vais faire un tour dans le jardin ! «
Moi : « Bonne idée, profitez-en ! «
Elle : « J’en profite, c’est peut-être la dernière. »
Moi : « Il ne faut pas penser à des choses pareilles ! «
Elle : « Je disais ça pour le mauvais temps qu’ils annoncent cette semaine. »
Moi : « Ah, d’accord. Désolée. »
Merci Déborah pour votre engagement et votre alacrité au service de nos résidents.